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Constance, ses seins, sa révolte

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L’humoriste Constance à fait le buzz sur France Inter, le mardi 28 août 2018, en faisant sa chronique en rapport avec la journée mondiale seins nus initiée par le mouvement Gotopless, le dimanche 26 août. Soutenant le droit pour les femmes de circuler dans l’espace public torse nu au même titre que les hommes, elle n’a pas hésité à la terminer en enlevant le haut, comme le montre l’enregistrement vidéo de l’émission diffusé sur internet, et déjà vu plus de deux millions de fois. Et c’est là que tout à commencé.

Un texte simple et intelligent, des images saines bien qu’inhabituelles, ont pourtant déchainé nombres de commentaires insultants, voire haineux, de la part des internautes. Un mélange de misogynie, de grossophobie et de grossièretés innommables qui l’a choquée et qu’elle n’a pas hésité à partager publiquement : « grosse pute de télé-réalité », « au moins, dites-lui de faire un régime », « tellement t’es nulle, t’es dégueulasse, tu ressembles à mon cul quand j’ai la chiasse », « salle grosse pute de pouffiasse de tes morts ». Et qui a généré de nombreux articles dans les médias (Libération, Nouvel Obs, etc)…

20minutes parle de « tombereaux d’insultes » et cite la jeune femme qui, dans l’émission « C à vous » sur France déclarait : « je m’attendais à ce que quelques frustrés soient énervés mais à ce point-là c’est quand même hallucinant. Je me suis fait traiter de ‘grosse vache’, j’ai reçu des versets du Coran, c’est assez flippant. Moi, ce que je pense, c’est qu’une femme qu’on va voir nue pour vendre du shampoing ou du dentifrice ça pose aucun problème. Une femme qui montre son corps en disant ‘mon corps m’appartient, je suis libre et je vous emmerde’, ça pose un problème et il y a quelque chose de plus profond derrière tout ça. (…) Je n’ai pas fait ça pour faire le buzz, pour moi c’était de l’humour. Je ne pensais pas que deux « gougouttes » ça allait affoler autant en 2018». Et, en réponse à l’animatrice de l’émission, s’étonne juste à-propos.  » Pourquoi est-ce que c’est tant un scandale de montrer sa poitrine ? C’est comme l’homosexualité, dans quelques années on pourra dire « peu importe si on est hétéro ou homosexuel », ben voilà c’est pareil, une poitrine, un homme torse nu, une femme torse nu… ».

Océane, sur madmoizelle, relève que ce n’était pas « juste pour le plaisir de se dénuder, mais bien pour montrer l’hypocrisie et les contradictions de notre société, qui part du principe que le mamelon féminin est sexuel et provocant, quand celui de l’homme est exhibé à tout bout de champ ». Et note que  » si l’on en croit les messages que Constance a reçus par la suite, certains estiment que montrer ses seins en public sans en demander l’autorisation, équivaut à montrer sa bite ».

Le Parisien, pour sa part, précise toutefois que si les critiques furent vives et nombreuses, les soutiens furent aussi légion . « C’est marrant parce qu’avec leurs commentaires ils donnent encore plus de véracité et de poids à ce qu’elle dit », note ainsi une internaute. « C’est dingue le nombre de comparaisons seins-bites ! Ils n’ont pas compris que l’équivalent masculin des seins était… les seins ! Et qu’eux peuvent les avoir à l’air sans se prendre une telle shitstorm », tempête une autre.

Dans Libération, Virginie Ballet souligne que Constance voulait tout simplement, la citant, « questionner les obsessions et les aversions qui perdurent autour de deux poches de gars et de glandes (…) Je ne renie pas mes seins, je les accepte et je peux même vous dire que ce sont des armes ». Et n’oublie pas de souligner que les attaques sur la nudité concernent plus souvent les femmes que les hommes. « Quand le comédien et dramaturge Sébastien Thiéry a déboulé complètement à poil sur la scène de la cérémonie des Molières il y a trois ans pour interpeller la ministre de la Culture de l’époque, Fleur Pellerin, sur le sort des intermittents, nulle meute ne s’est abattue sur lui au contraire, on a surtout salué son culot et son sens du spectacle. Oui au phallus activiste, non aux tétons féministe, en somme ».

Aujourd’hui, le buzz est passé. Mais d’aucuns sont toutefois un peu surpris que toutes insultes comme toutes approbations étaient majoritairement masculines. Comme si les femmes se sentaient moins concernées. Tétonnant, non ?

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