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Un festival naturiste, en vert et contre tous ?

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Malgré la volonté affichée de report des instances fédérales, le festival naturiste prévu en 2021 en Anjou sera-t-il maintenu ? Le débat est à nouveau ouvert depuis l’annonce de la création d’une association dédiée pour l’organiser chaque année, et un appel de fond créé sur Helloasso pour aider à son financement !

Comme le précisait un communiqué officiel de la Fédération Française de Naturisme fin janvier, les conditions sanitaires semblent peu favorables pour maintenir en 2021 l’organisation d’un festival destiné à défendre les valeurs naturistes auprès du grand public. Et, voulant en garantir l’existence dans les meilleures conditions, son conseil d’administration en a décidé le report à 2022, souhaitant parfaire aussi les ajustements financiers nécessaires. Mais c’était compter sans la persévérance de ses initiateurs, soutenus notamment par l’APNEL, qui font tout pour le maintenir le 1er dimanche de juillet 2021, quitte à faire cavalier seul. Et, pour cela, ils ont créé une association dédiée, associée à un appel de fonds sur le site Helloasso.

Cette association, nommée FestiNATUR’, et présidée par Jean-François Feunten, déclare avoir pour but « la création et l’organisation du festival NATURist’ por nova mondo ». En quoi consiste-t-il ? « Ce festival est public et vise à réunir dans un cadre festif et ludique, culturel et sportif, les personnes physiques et morales ayant pour ambition de se mobiliser pour un nouveau monde (« por nova mondo » en espéranto) réellement respectueux de la planète et de l’ensemble de ses habitants, dans un rapport au vivant complètement transformé« . Une initiative motivée par des enjeux écologiques et sociaux nécéssitant à leurs yeux une mobilisation « pour l’avènement d’une nouvelle HumaNUté dont les générations futures pourront être fières« . Le terme « HumaNuté » n’est pas innocent, étant utilisé depuis plusieurs années dans la communication de l’APNEL, notamment quand elle tenait un stand entre 2017 et 2019 à la fête de l‘Humanité.

Ce festival est prévu pour s’articuler autour de trois thématiques : l’écologie sociale, le naturisme, « qui fait encore l’objet de discriminations, voire de ségrégation, alors que cette philosophie est pleinement empreinte d’un profond humanisme et des valeurs républicaines, héritées des Lumières » et lespéranto, une langue inventée en 1887 par Louis-Lazare Zamenhof, « à vocation universelle et internationale, car constituant un outil inédit pour relier entre elles les cultures et les langues ».

Pour les membres de l’association, « les festivaliers seront donc invités à profiter des bienfaits de la simple nudité, dans le respect de la Charte éthique du festivalier, sur l’ensemble du Domaine de Grésillon et durant les deux jours de l’événement« , tout en découvrant l’espéranto. Lors de ce festival, voulu « à vocation nationale et internationale« , devraient être proposées différentes activités culturelles et sportives, ces dernières devant être pratiquées « dans la tenue gymnique, afin de valoriser notre notre vraie nature, et symboliser l’harmonie avec la nature retrouvée« . 

Un projet trop « irréaliste » ?

Les promoteurs de ce projet, revendiqué « à l’initiative du mouvement naturiste dont l’histoire philosophique remonte à l’Antiquité gréco-indienne« , y associent de nombreuses références historiques (Déclaration des droits de l’homme, etc) et assurent qu’il a pour but « de resserrer les liens entre écologistes – naturistes – espérantistes, qui partagent un ensemble de valeurs communes, dont l’universalisme, le respect de soi et d’autrui, le respect de l’environnement« .

Pour beaucoup d’interlocuteurs, il n’y a rien à redire dans l’intention, mais les divergences avec les responsables fédéraux sont de plusieurs ordres, éthiques, financiers et sanitaires. En clair : la date choisie en cette période d’incertitudes sanitaires liées à la pandémie du covid-19 est-elle judicieuse ? Comment financer sans risques un tel projet chiffré à près de 70 000€ car estimé par certains susceptible de rassembler plusieurs milliers de personnes en 2 jours, sans crainte d’un fiasco préjudiciable au financement d’autres actions ? Et, en complément, quelle attitude adopter face à la nudité sur place ?

Pour les festivaliers, hors organisateurs, doit-elle être obligatoire, quitte à freiner l’entrée de néophytes ? Ou facultative ? Avec le risque inverse de réduire la participation des naturistes, peu enclins à être nus au milieu de trop de personnes vêtues, voire de se retrouver en photo sur les réseaux sociaux, victimes de visiteurs indélicats.

Ces interrogations sont toujours à l’ordre du jour à la Fédération, d’où sa volonté de reporter le projet pour l’affiner. Mais l’insistance des initiateurs, qui ont déjà lancé un appel aux dons et enclenché le processus d’adhésions à l’association (15€), bouscule un peu la donne, surtout s’il y a emballement médiatique, à côté de débats déjà virulents sur les réseaux sociaux. Persévèreront-ils dans l’entreprise, au risque d’agir seuls ? trouveront ils des partenaires autres que la FFN ? Et malgré une situation sanitaire trouble qui pourrait démobiliser un public potentiel ? Entre utopies et réalités, les débats peuvent parfois être longs. Mais gageons que nous en saurons beaucoup plus dans les prochaines semaines.

Jean-Luc Bouland

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2 Commentaires

  1. « des naturistes, peu enclins à être nus au milieu de trop de personnes vêtues, voire de se retrouver en photo sur les réseaux sociaux, victimes de visiteurs indélicats. »

    C’est la phrase la plus importante qu’il faut retenir de cet article de Nat Hebdo.

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